" Le deviseur du monde "
Nouvelle de Chantal
Robillard
mise en page Jean-Antoine Scarpa
Sur ses équipées passées, il était intarissable. Il avait navigué avec un certain Paulo, jeune matelot, sur les mers de Chine. Il avait connu «le grand camp». Il avait même dormi dans la soie de ce camp. Ebaubis, nous demandions : «sous une toile de tente ? ». Et comment ! Une grande yourte mongole, en peau de mammouth et toute tendue de fils d’or et de soie. Nous en avions des visions françoispremières de camps de toile d'or, garnis de yaourts mongols et de petits mammouths teigneux. Nous trouvions bien cela un peu louche, mais nous en redemandions. Et nul n’osait rompre la loi du silence, de peur de ne plus entendre ses trésors d’histoires, ce devisement du monde, dont je ne compris que plus tard la malice et l’érudition. |