I merletti di Cenerentola

Chantal Robillard

Elle descend aux toilettes, se passe de l’eau sur la figure, s’efforce de respirer plus calmement. Inutile de s’affoler ainsi, c’est mauvais pour le teint. Elle a réussi, malgré les incidents de la matinée, les dentelles sont livrées, la vraie journée va pouvoir commencer.  

Elle retourne sur le pont, rassurée sur l’emploi du temps à venir, réfléchissant aux mille détails qu’il va lui falloir régler à l’arrivée sur l’île. Mais ce soir elle sera la plus heureuse, sinon la plus belle, de la lagune ! Enfin, si tout se passe bien.

En remontant par l’escalier hélicoïdal menant au pont supérieur, elle a entendu le même bruit de pas décontracté en dessous d’elle. Mais elle ne voit personne quand elle s’assoit pour guetter sur un banc, juste en face du colimaçon de fer.

 

Elle hausse les épaules, son imagination débordante lui joue des tours. En un tel jour, cela doit arriver ? Elle demandera à ses amies déjà passées par là. Et, tiens, elle questionnera aussi Claire, sa merveilleuse marraine française, qui est psy. Oui, Claire, c’est la meilleure idée, puisqu’elle arrive dans l’après-midi du Puy en Velay, en grand secret, pour la circonstance.

Le vent du large fait du bien à la jeune fille, il efface les fatigues et les peurs. Elle respire goulûment l’air salé, en fermant les yeux.

Venise s’en va. Sur son miroir mauve, irisé, une nave va, une écume ivoire se noue sur ses remous nacrés anis ou cresson, sous un azur sans nuées. Arômes marins. Saison suave. Aises.

 

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