I merletti di Cenerentola
Chantal Robillard
Encore de l’imprévu, et Ramiro qui va attendre en vain à l’arrivée de la ligne régulière. Elle essaie de trouver une cabine téléphonique sur le pont, au sous-sol, dans les escaliers. Rien ! Elle demande si le ferry part tout de suite, si elle a le temps de passer un coup de fil d’une cabine sur le quai pour prévenir de son retard. On la regarde sans vraiment comprendre, on hausse les épaules, franchement à cinq minutes près on ne voit pas pourquoi les gens venus l’attendre repartiraient ? Ils sauront sûrement qu’il y a un supplémentaire. Et puis, lui glisse-t-on avec un regard aigu sur son décolleté, si on l’aime vraiment on l’attendra bien. Ou alors c’est qu’on n’est pas un homme, un vrai. Elle a droit à quelques remarques salaces, plaisanteries bien grasses de marins, et moi je peux t’aider à le passer, le temps, ma toute belle, si personne ne t’attend plus à l’arrivée, moi je serai là, - le genre de choses déjà agaçantes en temps ordinaire, insupportables dans un moment pareil. |
Elle renonce à quitter le bateau et va s’asseoir sur le pont supérieur, au milieu des touristes. Là au moins, on la laissera tranquille, chaque groupe ne se mêle pas aux autres, bien trop occupé de lui-même. D’ailleurs le ferry lance une sirène sonore et commence à glisser en douceur vers la lagune. Elle n’aura finalement que quelques petites minutes de retard, il faut qu’elle se calme, tout n’est pas si grave après tout. Il faut toujours qu’elle grossisse tout ! |
Stef*