I merletti di Cenerentola

Chantal Robillard

Voilà autre chose !

Pour un peu elle fondrait en larmes. Comment continuer sa tournée, et filer ensuite sur Burano où on l’attend pour midi ? Avec tout ce qu’elle a encore à faire ce matin ! Et l’angoisse de ce qui doit suivre en fin d’après-midi ! Les vêtements à repasser, les fleurs à aller chercher, les boissons qui ne seront livrées qu’au dernier moment, les petits fours que le traiteur ne peut apporter de Torcello, - il a téléphoné hier soir pour le dire-, et qu’il va falloir passer prendre avec le canot de Ramiro en début d’après-midi… Elle en pleurerait.

Elle en pleure. D’énervement. Tiens, ça y est, elle aura les yeux rougis, ce sera beau pour les photos, et comment expliquer son retard un tel jour ? Elle réfléchit vite, il faut aller chez Giuseppe Dandini, un ami de sa mère. Il lui prêtera bien, -ou lui vendra, si sa femme, la Tisbetta, est présente-, d’autres souliers. Mais il faut repasser le pont de l’Académie, marcher en évitant les brisures de verre et les canettes de bière éventrées qui traînent déjà dans les rues, sans parler des fientes de pigeon et des excréments de chat.

 

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