Énigmes de Stef*           Le Tableau           Mise en page Jas

-Monsieur, nous arrivons au Siphon.

Tout en réglant la course, j’imaginais sans réelle peine tante Berthe et ma fille Camille se moquer sérénissimement de votre humble serviteur et de notre dévorante passion commune.

La cuisine et les tables de vichy rouge du Siphon nourrissent une véritable institution dans les Polders. La patronne, une délicieuse blonde du Nord, vous accueille et vous serre la main, habitué des lieux ou pas. Elle s’inquiète de votre réservation. Un serveur à la veste blanche, aux épaulettes en passementerie d’or torsadé et aux boutons demi-boule dorés vous accompagne à votre table.

-Le Campiello, dites-vous ? Oui, bien sûr, je vois! Un bel et désirable gentilhomme de Fortune, vous attend au fond de la grande salle.

Assis sous la grande photo où le Roi Albert II est attablé en grande compagnie sous les lustres du Siphon, Corto Maltese me fait de grands signes.

-Et cette fameuse lettre, Campielliste ? De quoi s’agit-il, cette fois-ci?

-Des dernières volontés du soldat belge Petrus Rathe, fusillé pour l’exemple.

-Fusillé pour l’exemple?

-Oui, Corto. Un militaire exécuté pour renforcer l’autorité et la discipline au sein des troupes. Rathe a été convaincu de couardise face à l’ennemi. Quelques heures avant son exécution, il a écrit une lettre à ses parents. Cette dernière n’est jamais parvenue à sa famille. Tu penses, les dernières volontés d’un lâche! Il n’était pas question d’y prêter plus d’attention. Avec bon nombre d’autres lettres de ce genre, elle a atterri en Angleterre et quelques années plus tard, en ’40, elle fut restituée à de Gaulle. Tante Berthe en hérita en définitive.

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