I merletti di Cenerentola

Chantal Robillard

Mais voilà, la tante n’est pas à domicile. La voisine du dessus dit à la jeune fille qu’elle ne rentrera pas avant le soir, elle vient de partir suivre un match de basket sur le Lido.

La Cenerentola comprend ce que cela veut dire. La tante, ancienne basketteuse de renom, passe des journées entières à suivre l’équipe vénitienne, c’est aussi pour cela qu’elle n’accepte des locations qu’au compte-gouttes, uniquement lorsque cela lui chante et qu’il n’y a rien d’important en vue côté sport. Elle ne cherche pas l’argent, elle veut juste pouvoir entretenir un minimum son logis.

Résumons-nous : ici, on va avec assurance, oui ou non ?

La Cenerentola s’affole un peu, mais n’ose rien dire aux voisins.
Elle sait que la mère Magnifico est la plus grande commère du quartier, sinon de tout Venise, et que l’incident lui paraîtra ridicule. Ou bien, au contraire, elle va nous en faire une vraie montagne et rameutera tout le Dorsoduro pour rien. Que faire ?

La jeune fille regarde sa jolie montre au cadran en verre de Murano, offerte l’avant-veille par son fiancé.

Elle est en retard, oh, mais elle va tout faire rater, il faut filer d’ici. Et dire qu’elle a hésité ce matin à prendre son portable ! Elle aurait pu prévenir Ramiro, qui serait accouru de Burano. Ou Giovanni Alidoro, son parrain, qui travaille à la Poste.

Ah ! mais voilà la solution : courir à une cabine téléphonique !

Pour rien au monde, elle ne demanderait à la Clorinda Magnifico, qui a déjà rouvert sa porte pour voir un peu ce qu’elle restait encore là à attendre.

Après tout, il fait jour, on ne va tout de même pas l’agresser en pleine rue, en pleine ville, elle se fait des idées.

 

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