I merletti di Cenerentola

Sur le quai, les embrassades faites, la Cenerentola se rend compte qu’elle n’a pas dit au revoir à l’homme. Elle fait volte face. Il n’y a personne. La foule des touristes, impatiente d’aller visiter le petit village, le musée de la dentelle, les boutiques, s’est dispersée. La place est quasiment vide, déjà le ferry repart sur Torcello et Mazzorbo. Elle cherche des yeux, en scrutant le bateau. Le fiancé s'énerve, qu’est-ce que tu as encore, on est pressés, la famille nous attend, via, via, il faut aller prendre le poisson pour le repas, on n’a pas pu nous le livrer, dépêche-toi !.

La jeune fille le suit en aveugle, encore étourdie de toute cette matinée pas comme les autres. Elle se retourne de temps en temps vers le bateau, mais non, il n’est plus là, il n’est pas descendu, il file sur une autre île, ou s’est fondu dans la foule. C’est alors qu’à son bras, elle entend remuer quelque chose au rythme de leur marche. Pendant que Ramiro s’écoute parler, elle soulève discrètement le coin du tissu qui recouvre le vieux cabas, pourtant vide tout à l’heure.

Dans son panier d’osier naviguent la sandale droite, jetée à la poubelle au Dorsoduro, et un lourd bracelet du seizième siècle en vermeil. Celui de sa mère.

 

Chantal Robillard

Retour                    Fin