Torcello, oui, oui, on le sait, Venise avant Venise : mais c’est vrai. Extraordinaire impression qu’une visite sur cette île herbeuse à peine émergée des eaux de la lagune,  en plein hiver, sous un soleil un peu pale certes, mais bien présent et dans un silence qui convient à ce lieu oublié de tout le tapage actuel.

Ici, le temps s’immobilise soudain et l’on entre, avec respect, dans un autre monde directement issu de la civilisation romaine. Venise qui a toujours revendiqué avec orgueil l’héritage intact du grand empire chrétien d’Occident, s’exprime pleinement dans les pierres de la cathédrale, initialement nommée Marie Mère de Dieu qui est parvenu jusqu’à nous, illustration grandiose d’un âge que l’on dit pourtant sombre et qui nous livre, au contraire, avec éclat, le témoignage d’une continuité historique forte venue de Rome et de Byzance.