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Est-il vraiment sûr pourtant que Scarpa nous ait ainsi tout livré sur lui-même?

Je n'en suis pas certain lorsque je considère deux de ses oeuvres sur lesquelles je terminerai et qui me paraissent occuper une place à part, non pas à l'extrème pointe de la stylisation à laquelle Scarpa s'est autorisé, mais au-delà, car elles transcendent ouvertement le réalisme et constituent à ce titre deux exceptions dans son oeuvre : Icare (1968) et la Nuit (1939) 

- Icare, ni homme ni oiseau, danseur de l'impossible 

- La Nuit, grâce féminine voluptueusement présente et cependant interdite, sans rien qu'un vide en effet à la place de la tête, il faut se rendre à l'évidence, non sans mal, tant l'harmonie d'ensemble de cette forme est convaincante. Et ces deux créations saisissantes, je les vois posées comme deux signaux nous indiquant le domaine de rêverie poétique où riccardo Scarpa aurait pu, s'il l'avait voulu, se réfugier en nous entraînant avec lui.

 

 

Pierre Dehaye
Membre de l'institut
Directeur des monnaies et Médailles                                                       Suite