Il y avait, près du Rio Nuovo, dans la calle Basego,
au milieu d'une flaque de soleil ardent,
à l'ombre d'un sac poubelle oublié, un pigeon ratatiné sur lui-même,
les plumes hérissées, vieilles.

Je me suis arrêté.
Je voulais le prendre en photo.

Capter l'image d'un vieux pigeon décrépit finissant ses jours, ses heures,
dans un endroit que personne ne visite.

Son œil rond m'a regardé,
juste un clip,
temps d'ouverture minimum vu le grand soleil :
c'est lui qui m'avait pris en photo
.

Les pigeons sont le souvenir permanent de Venise.

J'ai rangé mon appareil.
J'ai étendu les bras.
J'ai fait clip avec mes yeux, à la façon du vieux pigeon.

Et je me suis envolé.

Patrice Goré          

Nous remercions Patrice Goré de nous avoir confié son dessin,   visitez son site.

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